J'ai promis, il y a peu de temps, de fournir a quelques uns de nos concitoyens tarés une dissertation sur le verbe "se taire". Je n'ai toute fois pas put en faire parvenir l'integralité. Mais voilà qui dervais faire l'affaire...
SE TAIRE
Pourquoi les hommes parlent-t-ils plutôt que de se taire ?
Deux termes importants : parler, se taire. La question « pourquoi ? », quant à elle, demande de chercher une cause, une raison.
Parler, c’est user d’un langage articulé dans un but de communication avec l’autre. Cette capacité à user d’un langage articulé est l’une des choses qui distinguent l’homme de l’animal.
Se taire, c’est ne pas parler, c’est ne pas user du langage qu’est la parole. Pourtant, l’idée de « se taire » suppose la capacité de parler par ailleurs : on ne dira pas d’un singe qu’il se tait sous prétexte qu’il ne prononce jamais de mots. Ainsi, « se taire » semble être également une notion qui ne s’applique qu’à l’humain.
Ce sujet alors ne demande pas pourquoi les hommes parlent en général, pourquoi ils possèdent et utilisent un langage articulé pour communiquer entre eux. La question posée est plus précise : il s’agira de dire pourquoi les hommes parlent alors qu’ils auraient la possibilité de se taire, peut-être pour communiquer par d’autres moyens que la parole.
On peut alors donner trois directions différentes au sujet.
La première concerne la richesse du langage pour l’homme, qui justifie qu’il en fasse un usage important.
La seconde serait : pourquoi les hommes parlent-ils autant, pourquoi sont-ils si bavards ? Il faudrait distinguer plusieurs usages de la parole, un usage utile (la parole comme communication efficace d’idées, comme productrice de pensée), et un usage plus vain (la parole comme passe-temps – on pourrait interroger les notions de « conversation », de « bavardage »). Le sujet viserait principalement ce deuxième aspect.
Le troisième aspect du sujet serait plutôt lié à l’idée d’un dépassement du langage par d’autres moyens d’expression, notamment artistiques. Il serait alors question des limites du langage, et le sujet posé témoignerait d’une certaine lassitude quant à l’inefficacité de l’expression langagière dans certains cas ou pour certains sujets. (Comment traduire nos sentiments par des mots ? l’art est peut-être préférable à la parole).
« Parler simple ou madré sur papier comme en bouche,
En phrases fleuries et aux idées survenues,
La parole me dope et le verbe, sa souche,
D'un silence fuyard chasse mes retenues.
Quand se taire est si doux, parler n'est jamais triste;
Si je parle de moi, je parlerai de vous,
Car parler c'est agir, j'en suis l'opportuniste:
Se taire c'est penser, rester au garde-à-vous.
Est-il bon de parler ou meilleur de se taire?
Car pour se faire entendre on parle toujours bien;
Et même si mes mots sont de l'alimentaire,
Je suis dépositaire et signataire au lien
Qu'en ce don de se taire si je n'ai rien à dire,
Au défi de me taire, il me faut m'exprimer,
Sans être interrompu, sans vouloir m'interdire
Au plaisir délicat de pouvoir m'affirmer.
Critère élémentaire et repère compère,
Je prospère, tempère et opère aux vertus
Que parler me libère et que mieux que se taire
Le plus petit des mots est toujours bien vêtu.
Aurai-je plus d'esprit si je savais me taire?
Comment puis-je me taire sans en être lassé?
La foi de mes discours n'est jamais tributaire
Aux faveurs du silence...un silence angoissé.
Parler est l'allusion qu'associe l'idée,
Car parler est agir quand penser c'est se taire.
Le mot devient un duc si l'image est fardée,
Mais il reste grimaud s'il est rudimentaire.
Me taire est un défi que mon esprit offense,
Car se taire n'est point une leçon en soi,
Et si je dois parler qu'il y ait l'élégance,
Si ce n'est l'éloquence, au moins j'ai cette foi.
Que resserrer la joie autour de quelques mots
Est un bien moindre mal qu'un esprit sot taira,
S'il refuse au langage, en ses plus beaux rameaux,
Le soin de lui laisser exprimer l'apparat. »
Voilà. Je pense utile de préciser que je décline toute résponsabilité si l'une de nos concitoyenne vient à en faire un ... mauvais usage et qu'elle se retrouve collée pendant toutes ses heures de trou jusque juin.
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